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L’imbuvable honte de servir… de l’eau du robinet

Dernière mise à jour : 8 mai

« Le fait que près de la moitié des sondés n’osent pas servir de l’eau du robinet à leurs convives montre que la perception est parfois plus forte que les faits. Il est temps de changer cela », exhorte Carl Heyrman, directeur général d'AquaFlanders.


iStock - Diy13
iStock - Diy13

« Pas assez chic ». Voilà le paradoxe de l'or bleu en Belgique. La grande majorité des consommateurs la boivent mais près de la moitié des sondés la boudent dès qu’ils reçoivent des invités. 82% contre 46% respectivement, ressort-il de la plus récente étude de perception menée par AquaFlanders, la fédération des sociétés flamandes de gestion des eaux.


Réflexe identique dans la restauration où l’on opterait pour l’embouteillée parce que « l’on doute que les clients apprécient l’eau de distribution ». Pourtant, toutes les bonnes raisons plaident en faveur de ce que certains appellent le « jus de parapluie » : l’eau courante reste strictement contrôlée, est respectueuse de l’environnement et coûte jusqu’à 300 fois moins cher que l’eau conditionnée.


« Un véritable grand cru »

AquaFlanders appelle ainsi à changer totalement de regard et faire de l’eau du robinet « le choix conscient à table » dans le secteur de l’horeca. C’est « une évidence financière », insiste la faîtière des fournisseurs d’eau. « Avec un coût moyen de 0,7 centime d'euro par litre, ceux qui passent à l'eau du robinet économisent facilement des centaines d'euros par an. » Mieux encore, il s’agirait d’un moyen simple « d'économiser structurellement de l'argent, sans sacrifier la qualité ni la commodité ».


La « boussole à eau » du site kraanwater.be permet de se représenter les avantages de cette eau qui arrive sans emballage ni camion. À titre purement indicatif si, depuis l’année passée, les clients d’un établissement comptabilisant cinquante couverts par jour consommaient un verre d’eau venant du robinet plutôt que d’un conditionnement, l’économie brute représenterait plus de 2.500 euros et plus de 4.500 bouteilles.





« Locale, durable, bon marché et de qualité supérieure. L'eau du robinet est un véritable grand cru », affirme Carl Heyrman,le directeur général d’AquaFlanders. Le local est « le nouveau luxe », poursuit l’organisme flamand. « Tout comme nous sommes fiers des bières, fromages et légumes locaux, nous pouvons également célébrer notre propre culture de l’eau du robinet ».


Un nouveau luxe ?

Le plaidoyer pour le « Château-la-pompe » semble logique compte tenu des défis écologiques et cohérent avec la demande croissante de la clientèle pour de l’eau à un tarif plus démocratique. Mais il s’agit d’un raisonnement purement théorique et hermétique aux réalités commerciales de l’horeca, pourraient objecter les organisations représentatives du secteur déjà sous pression économiquement.


Les fédérations de la restauration et de l’hôtellerie voient d’ailleurs d’un œil circonspect la gratuité de l'eauqu’encourage depuis plus de sept ans la Commission européenne. Tant la bouteille d’eau présente des marges bénéficiaires appréciables. Non sans complications bien belges, les bouteilles étant achetées à un taux de 6% de TVA alors que les boissons non alcoolisées doivent être vendues à un taux de 21%.


À ce propos, le gouvernement De Wever n’a pas prévu demodifier ces taxes applicables mais l’accord de la coalition fédérale prévoit une réduction sur l’emballage pour l’eau.

Néanmoins, les établissements qui proposeraient de l’eau du robinet un prix accessible, par exemple une vente à 1,5€ en moyenne, pourraient rapidement bénéficier d’un retour sur investissement. Moins de 2 jours de service pour le robinet, moins d’un mois pour une fontaine, avait simulé Bruxelles Environnement dans l’une de ses fiches techniques en faveur du zéro déchet, selon qu’il s’agisse de petites structures limitant leur dépenses en matériel et frais de fonctionnement ou d’établissements avec une consommation plus importante, investissant alors dans l’installation de machines avec filtration, bonbonne et frais d’entretien. « Communiquez de façon transparente et attrayante sur votre offre d’eau de distribution. Mettez en avant les bienfaits de l’eau du robinet nature ou aromatisée sur votre carte », recommande l’administration régionale.

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