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Fin de nuit dans les nightshops ?

INSIGHT - Le modèle économique des "magasins de nuit" vacille en Belgique. Avec un taux de pénétration faible, une image populaire de "plus cher que pratique", et des consommateurs qui exigent une offre évoluée, ce commerce de dépannage doit se réinventer, à l'image des chaînes structurées telles que Night & Day.

© FRe
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La Belgique compte environ 1 000 magasins assimilés à des nightshops. Le chiffre reste approximatif : beaucoup de points de vente oscillent entre magasin de nuit, librairie ou épicerie de proximité, ce qui complique le recensement. Leur rôle, en revanche, est clair : ce sont des commerces urbains utilisés pour des achats tardifs ou des dépannages rapides. Près de deux tiers des utilisateurs vivent en ville.


La base de clients est réduite mais très active. Seuls 27 % des Belges fréquentent un nightshop au moins une fois par mois, mais parmi eux, près d’un sur deux s’y rend chaque semaine. Les achats sont principalement impulsifs pour répondre à un besoin immédiat : envie sucrée, visite impromptue, fête improvisée. Les catégories les plus représentées sont l’alcool, les boissons non-alcoolisés, les snacks et la glace, pour un ticket moyen entre 5 et 15 euros.


Le cocktail de la rentabilité ? Alcool et flambée des prix


Les boissons alcoolisées représentent 40% du total produits vendus (hors tabac) et cette catégorie est ultra dominée par la bière à plus de 70% avec Jupiler comme produit phare sous toutes ses variantes : la canette de 33cl, celle de 50cl mais aussi le bac de 24x25cl. La deuxième bière sur la marche du podium est la Gordon, suivi de la Leffle Blond.


Dans les boissons non-alcoolisées, Coke est sur la première marche avec 25% du total des ventes. Suivi de Redbull pour un sixième des ventes. Lipton Ice Tea complète le podium.

Pour rester rentables, les gérants appliquent souvent des prix élevés : en moyenne +65 % par rapport au retail traditionnel. Beaucoup se fournissent d’ailleurs directement auprès de chaînes comme Colruyt, Aldi ou Lidl.



Le nightshop n’est pas un commerce d’étudiants fêtards


Le nightshop doit une partie importante de son trafic au tabac. Or la tendance est nette : le tabagisme recule depuis deux décennies. La proportion de fumeurs quotidiens est passée d’environ 26 % à la fin des années 1990 à 15,4 % en 2018 (Sciensano), soit une baisse de 40 %. Les « gros fumeurs » ont diminué de moitié sur la même période.

La vape ne compense pas : malgré une progression chez les jeunes, son usage régulier reste autour de 4 % des adultes. Résultat : moins de tabac vendu, donc moins de visites et moins d’achats complémentaires.


La consommation quotidienne d’alcool diminue également, surtout chez les 45–64 ans, passés d’environ 20 % en 2013 à moins de 10 % en 2023. Chez les 15–44 ans, elle reste inférieure à 5%.


Ce recul éclaire aussi le profil des visiteurs : le nightshop n’est pas un commerce d’étudiants, mais bien un commerce de proximité pour adultes actifs. Les 45–65 ans y sont plus présents que les 18–44 ans.


Quand le magasin de nuit devient commerce de proximité


Le secteur fonctionne à deux vitesses. D’un côté, des chaînes structurées comme Night & Day et White Night, qui se définissent d’ailleurs comme magasins de proximité plutôt que magasins de nuit. De l’autre, une multitude d’indépendants, souvent gérés par des entrepreneurs issus de l’immigration (Pakistan, Inde, Bangladesh, Afghanistan). Pour beaucoup, il s’agit d’un levier d’intégration économique. Mais ce rôle s’accompagne de contraintes réelles : horaires tardifs, longues amplitudes, incivilités.


Les acteurs structurés sont moins exposés au recul du tabac. Night & Day, né à Namur en 1993, est devenu une enseigne de proximité reconnue en Wallonie et à Bruxelles, avec 120 magasins et environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe a transformé le format : supérette, librairie, sandwicherie, point poste, partenariat avec Shell, ouverture de 7h à minuit plutôt que toute la nuit.


Les attentes des consommateurs confirment cette évolution. 61 % jugent les nightshops trop chers. Ils demandent un assortiment plus large, davantage de produits sains, et des magasins plus agréables.


En clair : pour rester pertinents, les nightshops doivent dépasser l’image du commerce « pratique mais cher » et évoluer vers un proximity store moderne, plus soigné et plus complet.



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