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27 secondes pour un burger : le robot peut-il s’imposer en cuisine ?

Les robots ne se contentent plus d’automatiser les lignes d’assemblage dans l’industrie : ils entrent désormais en cuisine. En Californie, BurgerBots propose un fast-food entièrement robotisé, capable de préparer un burger en 27 secondes. Une prouesse technique qui soulève autant de promesses que de questions.


Photo : ABB - Press Room
Photo : ABB - Press Room

Depuis plusieurs années, les chaînes de fast-food ont amorcé leur transformation numérique en automatisant la prise de commande via des bornes en libre-service à l’entrée des restaurants. À la clé : gain de temps, réduction des coûts de personnel et optimisation du flux en magasin. Désormais, à l’heure où l’intelligence artificielle rencontre les progrès de la robotique, certains espèrent même aller plus loin dans la logique… et automatiser les cuisines. Le restaurant américain BurgerBots expérimente… 


Installé à Los Gatos, en Californie, BurgerBots se présente surtout comme un laboratoire grandeur nature pour la robotique dans la restauration rapide. Son modèle repose sur une cellule robotisée capable de préparer un burger sur mesure en seulement 27 secondes. Deux robots de la marque ABB y opèrent en tandem : l’un spécialisé dans la manipulation rapide et hygiénique des garnitures, et l’autre, chargé de l’assemblage final. Chaque étape du processus est guidée par des QR codes et gérée de manière autonome, y compris la surveillance des stocks en temps réel.


Au-delà de l’effet vitrine, le concept repose aussi sur des motivations économiques. Le secteur Horeca aux Etats-Unis, comme partout ailleurs, souffre d’une pénurie persistante de main-d’œuvre, de la hausse des salaires et de la difficulté à fidéliser du personnel pour des tâches répétitives. La firme ABB met en avant ces enjeux pour positionner ses robots comme une réponse pragmatique : selon une étude commandée par le groupe lui-même, 89 % des responsables de l’hospitalité et 73 % des employés se disent ouverts à l’automatisation de certaines tâches.


Reste à savoir si l’initiative marque un véritable tournant ou s’apparente davantage à une démonstration technologique. ABB n’en est pas à son coup d’essai : le groupe collabore déjà avec RoboEatz sur une cuisine robotisée capable de gérer plusieurs centaines de recettes, et avec Makr Shakr pour des barmen automatisés. BurgerBots, porté par l’entrepreneuse Elizabeth Truong, s’inscrit dans cette dynamique, en poussant l’intégration des robots à un niveau rarement atteint en restauration rapide. Le discours est rodé : rationalisation des coûts, hygiène renforcée, constance de production, réduction du gaspillage. Mais le modèle reste à éprouver à plus grande échelle. BurgerBots n’est qu’un pilote. Le projet attire l’attention autant pour sa prouesse technique que pour son positionnement marketing, dans une Silicon Valley toujours friande d’innovation.


Le recours aux robots en cuisine pose aussi des questions pratiques et culturelles. Si 67 % des employés interrogés voient d’un bon œil la réduction des tâches « dures, sales et dangereuses », une automatisation trop poussée pourrait rebattre les cartes de l’emploi dans un secteur déjà sous tension. Et il reste à démontrer que l’expérience client — au-delà de la rapidité et de la précision — y gagne en qualité perçue.




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