Le frétillant grossiste Alfa Fish a englouti le fonds de commerce de son concurrent Al-Vis
- François Remy
- 20 juin
- 3 min de lecture
Le spécialiste en moules et crustacés de Lommel, Al-Vis, avait récemment dû cesser ses activités. Une situation malencontreuse rapidement transformée en opportunité par la société de Brecht Alfa Fish. Ce leader en devenir du marché des produits de la mer pour le foodservice a repris le portefeuille clients et certains actifs corporels.
« Ce n'est pas la fin », a promis l’équipe d’Al-Vis lors de l’annonce à la clientèle de sa procédure de faillite ouverte le 13 juin au Tribunal de l’entreprise d’Anvers. La cessation d’activités ne marquait pas en effet la disparition de cet important partenaire des restaurateurs limbourgeois.
« Nous continuerons à offrir un service optimal à nos clients via Alfa Fish, dans des conditions similaires. Les livraisons et les produits restent au plus près des habitudes », a précisé l’entreprise jusqu’alors dirigée par Luc Van Hoof, qui restera impliqué temporairement en compagnie de « certains contacts de confiance ».
L'entreprise anversoise Alfa Fish a réalisé cette opération stratégique dans un timing opportunément serré, vu la nature des stocks, la volatilité de la clientèle (restaurants, poissonneries) et… le début de la saison des moules de Zélande. Cette intégration permettra justement d'augmenter le volume annuel de moules de 450 tonnes à plus de 750 tonnes.
Croissance par acquisition ciblée
« Cette acquisition s'inscrit parfaitement dans nos ambitions de devenir un leader du marché belge de l’horeca », ont expliqué les dirigeants Steven et Christophe Timmermans à la Gazet van Antwerpen. Ils poursuivent leur croissance de façon autonome, en misant sur la digitalisation (90% de leurs clients commandent déjà en ligne) et l'orientation client. Le chiffre d'affaires consolidé devrait dépasser les 35 millions d'euros en 2025, contre 27,3 millions d'euros en 2024 (+28%).
À noter qu’Alfa Fish n’a pas acquis Al-Vis ni son personnel (15 employés) mais racheté ses marchandises, son matériel et sa clientèle. Sans en détailler le montant. En tout cas, les frères Timmermans n’auront pas besoin d’investir dans des infrastructures supplémentaires : les clients, dont plusieurs ont déjà volontairement migré, se situent en Limbourg, Campine et Brabant flamand, des régions déjà couvertes.
Les grands poissons mangent les petits…
Alfa Fish fournit à des prix compétitifs du poisson frais du jour et des moules au secteur horeca de toute la Flandre, grâce à des achats revendiqués en direct sur les criées belges et néerlandaises. Le grossiste offre aussi des produits surgelés via un approvisionnement direct en Asie.
Le secteur traditionnel du commerce de gros de poisson connaît une transition importante en Belgique, caractérisée par l'augmentation des coûts et la digitalisation. Les acteurs qui feront la différence seront ceux parvenant à combiner rapidité, mise à l’échelle et technologie.
Pour l'anecdote, rappelle le Tijd, les dirigeants d'Alfa Fish n'avaient guère besoin de conseiller en rachat. Steven et Christophe connaissent bien les ficelles du métier, après une vie antérieure en banque d'affaires, respectivement chez Rothschild et JPMorgan. Pas besoin non plus de contacter des banquiers pour contracter un prêt, Alfa Fish dispose d'un imposant bas de laine : un bénéfice d'exploitation 18% supérieur à son chiffre d'affaires.
Alfa Fish ne le cache pas; l'entreprise n’en restera pas là. Les frères Timmermans exhortent d’ailleurs les autres fournisseurs de produits de la mer à les contacter car, selon eux, l’obsolescence menace beaucoup d’entreprises.
