En Chine, l’innovation agroalimentaire progresse en douce vers l’hégémonie
- François Remy
- 2 oct.
- 2 min de lecture
Alors que la République populaire attire moins les regards sur ses startups, l’économie chinoise trace discrètement sa route vers une domination dans l’AgriFoodTech. Son mouvement, s'appuyant désormais sur la puissance d’institutions établies, redessine les règles du jeu.

La Chine n’est plus aujourd’hui un marché dynamique pour les startups, notamment en termes de financement. Pourtant, dans les technologies agricoles et alimentaires, elle progresse furtivement, et surtout autrement. « Au point de pouvoir aspirer à une position hégémonique dans les technologies les plus disruptives », épingle Matthieu Vincent, co-fondateur de DigitalFoodLab, un cabinet de conseil en stratégie d’innovation experte en AgriFoodTech.
L’innovation ne se limite pas aux startups et la Chine innove en coulisses. Par exemple, cinq universités chinoises se hisse aux côtés des startups occidentales les mieux financées dans le classement mondial des premiers déposants de brevets dans le domaine de la viande cultivée.
Mais la Chine capitalise aussi sur des innovations nées ailleurs, les industrialise, et finit par imposer sa supériorité économique. « Cela ressemble à une version accélérée de ce qui s’est produit avec l’industrie des panneaux solaires il y a quelques décennies », pointe le spécialiste.
La « deuxième guerre de la livraison de repas en Chine » illustre bien cette conjoncture. Après une phase de concurrence intense et de concentration, quelques leaders se sont imposés à l'instar de Meituan. Mais une ère nouvelle s'ouvre et les entrants ne sont pas des startups, mais des géants tels que ByteDance, maison mère de TikTok.
Ces turbulences, censées profiter aux consommateurs (qui refuserait un café à 1 € livré à domicile, taquine Matthieu Vincent), fragilisent les restaurants, pris en étau, et entraînent une baisse de la qualité des produits.
Un nouvel équilibre finira sans doute par émerger. Il s’agit néanmoins de la Chine : à tout moment, les autorités peuvent décider de mettre fin à cette course effrénée. En attendant, ponctue DigitalFoodLab, « ce modèle pourrait bien donner des idées aux entreprises technologiques d'autres pays ».