Lieven Vanlommel (CEO Foodmaker): “Nous allons également lancer notre propre boulangerie”
- Gondola Foodservice
- il y a 5 jours
- 5 min de lecture

Après la croissance substantielle de sa branche Retail ces dernières années, Foodmaker va désormais concentrer ses efforts sur le Foodservice. Le spécialiste des aliments frais et sains va également lancer sa propre boulangerie, dans un premier temps à titre expérimental. Un entretien enrichissant avec son CEO Lieven Vanlommel.
Chaque jour, quelque 300 chefs Foodmaker préparent environ 110.000 repas frais et sains dans la cuisine centrale de l’entreprise à Westerlo. De là, des dizaines de camions partent chaque jour à destination de retailers et de restaurants répartis sur l’ensemble de la Belgique, de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas. L’entreprise a ainsi réalisé un chiffre d’affaires d’environ 60 millions d’euros en 2024, avec une rentabilité de quelque 2%. Elle vise les 80 millions pour 2025.
Foodmaker doit principalement la croissance substantielle qu'elle a enregistrée en 2024 à l’Allemagne, où ses repas sont désormais vendus dans 3.800 supermarchés Rewe. « Nous y avons atteint en six mois ce qui nous a demandé vingt ans en Belgique », s’enorgueillit le CEO Lieven Vanlommel. « Pour la seule marque Foodmaker, nous avons réalisé l’an dernier une croissance de 40% dans les quatre pays européens où nous sommes présents. Et nous enregistrons une nouvelle croissance de 50% sur les quatre premiers mois de 2025. Un très beau résultat qui couronne vingt ans d’efforts. »
Quel est le rapport entre le retail et le foodservice ?
« Le retail représente environ 70% de notre activité, le foodservice prenant à son compte les 30% restants. Mais nous allons concentrer nos efforts sur le foodservice au cours des années à venir. C’est logique, puisque nous nous sommes beaucoup investis dans le retail ces derniers temps et nous avons une équipe qui travaille en permanence sur des innovations dans ce domaine. »
« En 2024, nous avons décidé de franchiser tous nos restaurants en dehors des emplacements tests. Nous avons clôturé l’année avec 23 restaurants, dix de plus qu’il y a deux ans. Nous avons entamé 2025 avec 25 restaurants et cinq autres ouvertures sont prévues cette année. Aujourd’hui, nous cherchons avant tout à déterminer comment nous pouvons développer ce concept pour répondre à la forte demande que nous observons dans les différents pays. »
Le portefeuille et les prix sont-ils comparables dans le retail et le foodservice ?
« Dans le retail, nous travaillons à 100% avec des produits préemballés. Nous ne proposons également des buffets ouverts qu’à Paris. Dans les restaurants, c’est l’inverse, avec 80% de buffets ouverts. Quant aux prix, c’est comparer des pommes et des poires. Aujourd’hui, nous en sommes à 6 ou 7 euros pour nos portions préemballées en Europe. Ce n’est pas cher pour la qualité que nous fournissons. »
« Aux buffets des restaurants, vous devrez dépenser entre 10 et 15 euros pour manger sain et plus qu’à votre faim. Dans l’horeca traditionnel, il faut parfois débourser jusqu’à 25 euros pour une salade. Mais les matières premières ont beaucoup augmenté. Une hausse des prix qu’il a fallu répercuter sur les clients. La restauration traditionnelle est vraiment devenue trop chère pour de nombreuses personnes. Avec nos restaurants, nous pouvons nous engouffrer dans cette brèche. »
Combien de temps les niveaux de prix actuels sont-ils tenables pour vous ?
« Par rapport aux brasseries traditionnelles, nos armes principales sont notre cuisine centrale et notre volume. Nous sommes très puissants au niveau des achats. De plus, nous produisons nous-mêmes une grande partie de nos ingrédients, ce qui nous permet de conserver les marges correspondantes. Chaque fois que nous préparons une salade-repas, nous pouvons la préemballer, mais aussi la livrer à un de nos restaurants. Nous pouvons ainsi faire tourner un restaurant avec deux ou trois personnes, ce qui nous permet de rester rentables à ces prix. Bien sûr, il n’est pas question de faire des folies en termes de loyers et d’aménagement, sans quoi aucun concept ne serait rentable aujourd’hui. »
Quels sont vos perspectives et vos projets concernant le marché belge ?
« Nous sommes engagés dans un partenariat à long terme, étroit et exclusif avec Delhaize, et nous en sommes très heureux. Notre marque de produits préemballés marche très bien. Nous grandissons ensemble. Nous avons également des partenariats avec Sportoase dans le foodservice et nous travaillons avec des master franchises dans tous les pays où nous sommes présents. »
« Nous réfléchissons en permanence aux possibilités de poursuivre notre expansion et nous investissons constamment dans nos collaborateurs et nos capacités de production. Avec nos 20.000 mètres carrés actuels, nous avons à nouveau atteint le maximum de nos capacités. La croissance coûte cher, mais notre rentabilité reste sous contrôle. Nous en sommes satisfaits. »
Comment expliquez-vous ce succès chez Delhaize ?
« Cela fait plusieurs années que Delhaize joue la carte de la qualité et veut être le numéro un de l’alimentation saine. Ils proposent nos produits à 6 euros, alors que la somme des différents ingrédients coûterait plus de 10 euros. De plus, nos matières premières provenant de notre propre ferme biocyclique sont d’excellente qualité et ultra-fraîches. Notre mission est simple : amener un maximum de consommateurs à manger sain. Les consommateurs d’aujourd’hui n’ont pas le temps de cuisiner des aliments frais tous les jours, et nous répondons à ce besoin en proposant des solutions abordables et de qualité. »
Vous êtes également en plein essor dans le retail allemand. En quoi diffère-t-il du retail belge ?
« En fait, il n’y a aucune différence. Foodmaker enregistre une croissance de 49% en Belgique, de 92% en France et de 400% en Allemagne. En Allemagne, nous sommes passés d’une région à dix-sept. Les consommateurs recherchent de plus en plus une alimentation saine et de qualité, et cette évolution est similaire partout. L’alimentation saine ne repose pas sur des traditions. Nos dix meilleures ventes sont les mêmes partout, que ce soit à Paris, à Berlin ou à Cologne. Une preuve que nos produits séduisent partout. »
Combien de clients comptez-vous et à quelle fréquence achètent-ils vos produits ?
« Nos restaurants accueillent au moins 250 clients par jour, avec des pointes à 1.000 dans les établissements les plus performants. Ce sont surtout des personnes qui travaillent et qui ont besoin de faire rapidement le plein d’énergie avec un repas sain. Tous établissements confondus, nous accueillons environ 10 millions de clients par an, et nous vendons environ 20 millions de repas dans le retail. Nous observons également un grand nombre d’achats répétés : les clients qui connaissent nos produits continuent d’en acheter. En outre, nous sommes très présents dans le monde du sport, notamment grâce à des ambassadeurs comme Mathieu van der Poel. »
« Dans le foodservice, nous réalisons environ 90% de notre chiffre d’affaires à l’heure de midi. Le volume de petits déjeuners a considérablement diminué sous l’effet de l’évolution des régimes de travail. Pour la consommation à domicile, le repas le plus important est celui du soir – il représente 90% de notre chiffre d’affaires dans le retail. Les produits à base de pain comme les wraps et les sandwiches prennent à leur compte 20% de notre chiffre d’affaires. Dans les restaurants, le buffet pèse 50 à 60% du total, alors que dans le retail, les produits chauds représentent 80% des ventes, le reste provenant des salades-repas.
Voyez-vous des opportunités dans d’autres pays ?
« Sans aucun doute. Nous sommes désormais bien positionnés en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Aujourd’hui, nous étudions les possibilités qui s’offrent à nous dans le sud de l’Europe et en dehors du continent. Avant la crise sanitaire, nous avions un préaccord aux États-Unis. Nous voulons relancer ce projet. »
Quelles sont les innovations à venir ?
« Nos repas sportifs recueillent un énorme succès : depuis leur lancement en 2024, nous en avons produit 7 millions. Nous allons poursuivre nos investissements dans ce segment, mais aussi lancer notre propre boulangerie à titre expérimental, avec des pains, des gâteaux et des quiches. L’avenir nous dira si ces produits seront réservés au foodservice ou également disponibles dans le retail. Reste à savoir si le client va accrocher... Ce n’est pas parce que vous avez de bonnes idées que le client va vous suivre. »
Thomas Rosseel