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La législation met les emballages de service sous pression

Le règlement relatif aux emballages et aux déchets d’emballages est une réalité


©Fedpack
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Depuis le 22 janvier 2025, la réglementation européenne relative aux emballages et aux déchets d’emballages n’est plus une directive, mais un règlement que les États membres devront transposer dans leur législation nationale pour le 12 août 2026. Les emballages utilisés dans le food-service sont particulièrement visés. Et le marché a tout intérêt à se préparer à une période de turbulences, tant les incertitudes restent nombreuses. En effet, le règlement en question présente toujours de nombreuses lacunes, et les groupes de travail appelés à les combler doivent encore être constitués. Sven De Vis, président de FedPack, nous explique ce qui attend l’industrie.


Fedpack est la fédération belge des producteurs et importateurs d’emballages de service. Mais en quoi consiste exactement ces emballages de service ?

Il s’agit des emballages et produits apparentés qui sont remplis sur le point de vente et remis au consommateur au moment de l’achat. Ce sont généralement des articles liés au food-service : récipients et gobelets, couverts jetables, boîtes, sachets... Ces emballages existent dans une grande variété de matériaux. Certes, le plastique et le papier/carton restent les plus populaires, mais sous la pression de l’évolution de la législation, on voit se multiplier les expériences à partir de matériaux alternatifs comme le métal, le bambou, le bois, le lin... 


Quelle est la différence entre un emballage de service et par exemple une barquette de salade de viande fraîche vendue dans un supermarché ?

En termes de matériau, il n’y en a aucune. La définition est liée au moment du remplissage : dans le cas d’un emballage de service, c’est en présence du consommateur. En outre, il existe généralement des différences d’impression et de forme qui mettent en évidence le lien avec le point de vente. Ces emballages revêtent ainsi une fonction d’outil de marketing direct. Enfin, la taxation est différente : les commerçants doivent verser une contribution plus importante à FostPlus pour les emballages de service, et les contrôles sont plus nombreux. 



Tous les emballages de service relèvent-ils de la réglementation sur les plastiques à usage unique ?

Sven De Vis
Sven De Vis

Les emballages de service sont presque toujours à usage unique. Comme l’Europe s’est fixé pour priorité de réduire la consommation de plastique, cela fait plusieurs années que le marché du food-service teste des alternatives. Les pailles ont été remplacées par des exemplaires en carton, on propose de plus en plus souvent des couverts en bois ou en matériaux végétaux, on observe beaucoup plus de gobelets et de récipients en carton... Mais ces derniers risquent de pâtir de l’entrée en vigueur du nouveau règlement, car ils nécessitent toujours – pour la plupart en tout cas – une barrière plastique. En effet, d’une part ils doivent aussi être conformes à la législation sur le contact avec les denrées alimentaires, d’autre part de nombreux produits l’exigent. Par exemple, il est toujours impossible de proposer des boissons chaudes dans un gobelet uniquement en carton. De plus, l’Europe a laissé – sans doute sans le vouloir – une échappatoire : les emballages en plastique plus épais relèvent de la catégorie “multi-usage”. Ce qui va évidemment à l’encontre de l’objectif de la législation, puisque les consommateurs sont tout aussi susceptibles de jeter les emballages de ce type, et il y a ainsi plus de plastiques que jamais en circulation sur le marché. 


Qu’est-ce qui va changer à présent que la directive sur les emballages et déchets d’emballage est devenue un règlement ?

 Tout d’abord, je tiens à préciser que les incertitudes restent nombreuses. Plusieurs points doivent être affinés au sein du règlement De plus, certaines exigences ne semblent pas réalistes pour l’horizon 2028-2030. La grande différence est que l’accent n’est plus mis sur l’élimination des plastiques, mais plutôt sur le recyclage et la réutilisation de tous les matériaux. Et c’est un sacré défi, surtout pour les emballages en contact direct avec les aliments. Par exemple, aucun producteur ne peut actuellement garantir que les granulés fabriqués à partir de plastiques recyclés peuvent être réutilisés dans l’industrie alimentaire. C’est pourquoi l’accent est placé sur les matériaux biosourcés : les plastiques fabriqués à partir de déchets de maïs, d’amidon de pommes de terre, de sucre de canne.... Mais ces matériaux restent chers. En outre, les variantes compostables, autre alternative aux plastiques biosourcés, doivent être collectées et recyclées séparément, car elles ne sont pas compatibles avec les plastiques conventionnels. Résultat : la réglementation fédérale assimile toujours ces matériaux compostables à des déchets résiduels “nuisibles” destinés à l’incinérateur. Un autre problème réside dans le fait que les produits recyclés perdent en qualité à mesure de leur réutilisation. Après sept recyclages environ, les polymères d’un plastique ont perdu une grande partie de leurs propriétés de robustesse et de barrière. Il est par conséquent nécessaire d’ajouter du matériau “vierge” à chaque recyclage. Autrement dit : un recyclage à 100% est utopique... Enfin, il faut savoir que tous les types d’emballages devront à terme contenir une certaine quantité de matériaux recyclés, y compris ceux en carton, en bois, en métal... Certes, c'est au fournisseur qu'il revient de fournir les certificats nécessaires, mais les acteurs du food-service devront donc veiller à acheter leurs emballages auprès d’entreprises en règle. 


La réutilisation deviendra ainsi obligatoire ?

Dans un monde idéal, c’est évidemment la meilleure façon de réduire significativement les déchets d’emballage. Mais dans la pratique – et en particulier sur le marché du food-service –, ces ambitions européennes ne seront pas faciles à réaliser. Le marché du food-service devra cependant autoriser la réutilisation et le re-remplissage à partir du 12 février 2027, alors que le principe du circuit fermé sera mis en œuvre un an plus tard. C’est déjà le cas dans la plupart des restaurants : la porcelaine, les couverts en métal et les verres sont lavés sur place. Cela reste également assez facile à organiser pour les traiteurs, les parcs d’attractions ou les festivals. Mais qu’en est-il des repas à emporter, où l’emballage fait partie du modèle commercial ? Ou d’emballages comme les sacs de supermarchés ? Je ne vois pas comment ces produits pourraient retourner au point de vente. La stratégie de réutilisation/re-remplissage me semble tout aussi difficile à mettre en œuvre sur le marché du food-service. Le consommateur qui part en city-trip ou fait un festival devra-t-il remplir une valise de gobelets et de récipients en tout genre ? Allons-nous bientôt devoir emporter un sac de couverts, d’assiettes et de verres à chacune de nos sorties ? C’est complètement absurde... La piste consistant à ne commercialiser que des emballages de service à usage multiple n’apporte pas non plus de solution. Comme nous l’avons déjà indiqué, les emballages sont des outils de marketing important sur le marché du food-service.  Autre problème : en matière d’hygiène alimentaire, la responsabilité incombe au vendeur. Que se passe-t-il si des consommateurs ne lavent pas correctement leurs gobelets ou barquettes et tombent malades à cause de ce qu’ils mangent ou boivent ? Si un commerçant ou traiteur place un récipient contaminé provenant d’un client sur sa balance ou dans son comptoir et contamine ainsi les emballages d’autres clients ? 

©Fedpack
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Le règlement comporte-t-il également des aspects positifs ? 

En soi, l’ambition de réduire les déchets d’emballage est évidemment une très bonne chose. Le problème consiste principalement à traduire les idées dans la réalité pratique. À cet égard, l’Europe est heureusement à l’écoute des aspirations des producteurs et importateurs d’emballages. L’harmonisation de l’étiquetage au sein des États membres est ainsi une évolution importante. Concrètement, tous les pays utiliseront les mêmes logos et icônes, ce qui permettra au marché du food-service et aux consommateurs de savoir aisément si leurs emballages sont conformes à la législation et comment ils peuvent les éliminer après usage, mais aussi d’acheter des emballages à l’étranger. Pour les festivals ou les chaînes horeca opérant dans plusieurs pays, par exemple, il s’agit d’une évolution très positive : il leur sera possible d’utiliser le même emballage partout.


Comment les acteurs du food-service peuvent-ils se préparer ?

 Il est important de noter qu’ils s’informent déjà auprès de leurs fournisseurs d’emballages sur les mesures que ces dernières envisagent pour se conformer au règlement. Bien qu’on estime généralement que les arrêtés d’exécution effectifs et la transposition dans le droit national seront différés, il n’y a aucun sens à attendre. Ne pensez pas non plus qu’il suffira de refuser purement et simplement les emballages en plastique. Certes, le règlement prévoit que les boîtes en carton ne doivent pas être réutilisables, mais une barquette en carton pour hamburgers doit-elle être considérée comme une boîte ? Ce n’est pas encore clair... L’industrie doit également tenir compte de la future consigne obligatoire pour les emballages à usage unique. Cette obligation s’appliquera non seulement aux emballages de service, mais aussi aux bouteilles et aux cannettes. Il est peu probable qu’elle s’appliquera en Belgique, car le règlement stipule que ce n’est pas une obligation pour les États membres qui recyclent au moins 90% de ces emballages. Mais encore une fois, on ne sait pas ce que décidera le fédéral. Je ne peux que conseiller à tous les acteurs de s’informer. En Belgique, vous pouvez poser toutes vos questions à FostPlus et à Valipac. Tous deux disposent d’un département qui se consacre spécifiquement à la réglementation et travaillent sur plusieurs projets pilotes qui pourraient être une source d’inspiration bienvenue pour le food-service. 

Après Plopsaland, Bobbejaanland annonce également son passage aux gobelets réutilisables. Sept modèles différents seront proposés aux visiteurs, qui pourront les collectionner. Ils pourront ensuite rapporter les gobelets au point de collecte avant de quitter le parc. La consigne de 1,5 euro leur sera alors remboursée sous forme de bon d'achat valable dans les boutiques et restaurants du parc.



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