Livraison de repas à vélo : un métier à hauts risques pour 19.000 coursiers belges
- Gondola Foodservice
- 16 avr.
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Dernière mise à jour : 23 avr.

La livraison de repas à vélo, qui emploie 19.000 coursiers dans 34 villes et communes belges selon les derniers chiffres disponibles (2022), représente un risque majeur pour la santé des travailleurs. Entre management algorithmique, conditions de travail difficiles et statut précaire, ce secteur soulève d'importantes questions de santé publique et de protection sociale.
Un secteur en plein essor aux conditions de travail préoccupantes
En Belgique, un quart de la population (environ 3 millions de personnes) a déjà commandé des repas via des plateformes comme Deliveroo ou Uber Eats, reflétant une augmentation de 65 % depuis la pandémie. Ce ne sont pas moins de quelques 3.000 restaurants partenaires qui font partie de secteur, principalement à Bruxelles (1.300), en Flandre (1.050) et en Wallonie (550). Pourtant, derrière ce succès commercial se cache une réalité préoccupante : celle des livreurs soumis à une pression algorithmique constante. À Bruxelles, avec un tarif fixe de seulement 4,42 euros nets par livraison, certains coursiers travaillent jusqu'à 70-80 heures hebdomadaires pour atteindre un revenu décent.
Conséquences ? La santé des livreurs se dégrade. À court terme, les livreurs subissent des traumatismes liés aux accidents de la route et des troubles musculosquelettiques dus à une mauvaise ergonomie. À moyen terme apparaissent stress, fatigue et épuisement, aggravés par l'isolement social. Sur le long terme, les experts identifient des risques accrus de troubles du sommeil et de maladies métaboliques, respiratoires ou cardiovasculaires. Ces risques sont amplifiés par des conditions environnementales difficiles : pollution urbaine, intempéries et circulation dense.
Un statut juridique en pleine évolution
En Belgique, 85 % des livreurs de Deliveroo et UberEats à Bruxelles travaillent sous le régime P2P (économie collaborative). Ce statut est de plus en plus contesté, comme l'illustre la décision marquante de la Cour du travail de Bruxelles en décembre 2023, qui a reconnu que les coursiers de Deliveroo devaient être considérés comme des salariés. Selon une étude de l'institut Vias, moins de la moitié des coursiers se disent satisfaits du soutien en cas de maladie et de la variabilité de leurs revenus.
La récente directive européenne (UE) 2024/2831 sur les travailleurs des plateformes, introduisant une présomption de salariat et de nouveaux droits, pourrait transformer ce secteur lorsqu'elle sera transposée en droit belge. Entre temps, la fédération Comeos plaide pour un cadre juridique spécifique qui permettrait aux "coursiers de longue durée" de bénéficier d'avantages sociaux sans nécessairement les requalifier en salariés. L'enjeu est désormais de trouver un équilibre entre la flexibilité appréciée par certains travailleurs et une protection sociale adéquate face aux risques professionnels considérables de ce métier.