La start-up belge Koppie veut « assurer l’avenir du café » en le réinventant
- François Remy
- 30 juin
- 4 min de lecture
Un café au bon goût de café mais sans café(ine). Moins cher et plus durable. La foodtech gantoise Koppie met le paquet pour développer une alternative nouvelle génération au populaire breuvage. Une « obsession pour le produit » qui vient de convaincre des fonds d’investissement spécialisés.

« Nous ne sommes pas là pour remplacer ou faire de l’ombre au café, nous sommes là pour assurer son avenir », nuance Daan Raemdonck, le fondateur et CEO de Koppie. Sa jeune entreprise vient de boucler une levée de fonds pre-seed, la phase de financement la plus précoce pour une start-up, d’un montant présenté comme « significatif »… sans toutefois le divulguer.
Grâce à ces capitaux frais, l'entreprise entend commercialiser au premier trimestre 2026 une nouvelle génération d'alternative au café, basée sur une technologie en instance de brevet de fermentation et de torréfaction. Le procédé consiste à transformer des légumineuses, à l’instar du pois chiche, en grains qui peuvent être moulus et infusés comme du café traditionnel.
Cette technique propriétaire, Koppie la doit à son cofondateur et CPO, Pascal Mertens, titulaire d'un doctorat en bioscience engineering et de plus de dix brevets. En plus de l’étiquette d’inventeur, ce dernier a apporté plus de quinze ans d’expérience et expertise acquises en tant que directeur, conseiller et investisseur dans des entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons.
« L'équipe fondatrice de Koppie nous a convaincus par son obsession pour le produit, sa vision et l'urgence d'agir face aux problèmes auxquels le café est confronté. La stabilité des prix et la décentralisation des chaînes d'approvisionnement sont des priorités essentielles pour les clients B2B. Dans le même temps, les consommateurs bénéficient d'un label propre et d'un profil sensoriel exceptionnel », s’est félicité Maximilian Schwarz, partner chez Nucleus Capital, le fonds d’investissement allemand qui a mené la levée de fonds à laquelle ont aussi participé les venture capitalists de Mudcake (Suède) et de Rockstart (Danemark).
Le goût et les rituels du café préservés
Au niveau des implications pratiques, les grains de Koppie sont compatibles avec tous les standards d'équipements ou de méthode de préparation et de consommation du café. Pour ce qui est de l'expérience gustative, les sommeliers du café (les goûteurs certifiés Q-graders) accordent pour l'instant une note équivalente au café qu'on trouve dans les commerces. Tandis que les panels de consommateurs apprécient le produit, notant une « forte ressemblance avec le café, un goût plus sucré et un amertume atténuée ».

« Pour qu'un changement de régime alimentaire se produise, le goût et le maintien des rituels sont essentiels », explique Daan Raemdonck, mettant à profit ses expériences de directeur commercial chez Picnic, l’opérateur de livraisons de courses alimentaires à domicile, et de directeur marketing chez Alpro (Danone), acteur majeur des alternatives végétales. « Nous nous sommes attachés à créer une véritable adéquation sensorielle et rituelle, qui n’impose ni aux entreprises ni aux consommateurs de modifier leur façon de préparer le café. Chez Alpro, j'ai appris que la fiabilité du goût et les partenariats peuvent faire le succès ou l'échec d'un produit alternatif ».
« Nous tentons d’élargir la catégorie »
La chaîne d'approvisionnement du café se trouve sous pression, ne serait-ce qu’à cause du changement climatique. Certaines prévisions annoncent une réduction de 50% des régions propices à la culture d’ici 2050, à cause de la hausse des températures, de l'irrégularité des précipitations et de la dégradation des sols. Alors que la demande mondiale en café augmente de plus de 2 % par an.
Avec un produit nécessitant moins de terres cultivables, nettement moins d’eau, la start-up gantoise Koppie se positionne comme une solution viable pour les marques et les consommateurs. Surtout que, contraints par des normes de régulation qui se durcissent progressivement, les producteurs de café doivent désolidariser leur approvisionnement de la déforestation et décarboner leurs activités.
« Nous adoptons une vision catégorielle tournée vers l'avenir afin de garantir la pérennité », insiste Daan Raemdonck, qui travaille déjà avec des torréfacteurs pour développer des mélanges hybrides combinant le café conventionnel avec son grain alternatif afin d'offrir de nouvelles expériences aux consommateurs.
« Là pour toute entreprise s’adaptant à une clientèle plus soucieuse de durabilité et de santé »
Il sera intéressant de voir quel accueil les restaurants, les traiteurs, les chaînes de restauration rapide (QSR) et autres acteurs de la consommation alimentaire hors domicile réserveront à cet « exhausteur naturel du café ». Interrogé par nos soins sur ce rôle que pourrait jouer l’industrie du foodservice dans le développement de Koppie, le fondateur avoue ne pas encore avoir activement exploré ce domaine.
« C'est complexe parce que le foodservice est très vaste et que les acteurs y ont généralement tendance à ne pas ‘faire’ leur propre café, sauf dans le cas des chaînes de café évidemment. Pour l'instant, nous nous concentrons sur les torréfacteurs, les détaillants et les marques de café. Bien entendu, certains des partenaires avec lesquels nous sommes en discussion pourraient vendre des quantités importantes au secteur du foodservice », nous expose Daan Raemdonck.
Autrement dit, les fondateurs de la start-up ne boudent pas ce segment, se montrant ouverts à tout partenaire qui pense qu'une collaboration pourrait être pertinent. S’ils n’ont pas encore démarché les parties prenantes du foodservice, ils ne perçoivent pas moins un grand intérêt dans ce segment, en particulier certaines de ses composantes.
« Car notre produit peut être compétitif en termes de prix par rapport au café tout en maintenant, voire en améliorant, la saveur. De plus, nous sommes là pour aider les entreprises qui cherchent à s'adapter à une clientèle plus soucieuse de la durabilité ou de la santé – les grains de Koppie étant naturellement sans caféine », ponctue Daan Raemdonck.